Objectifs Hebdo - Si un investisseur étranger tombait sur ce titre, il se demanderait certainement : Est-ce qu’on a besoin de le dire ? Malheureusement oui ! Sur le marché boursier de l’Uemoa, les sociétés cotées ont l’habitude de publier des résultats semestriels et non trimestriels, comme cela se fait sous d’autres cieux. D’ailleurs certaines, comme par mépris des investisseurs et des structures centrales du marché, publient leurs résultats partiels en décembre, et cela n’a aucune conséquence. C'est-à-dire que de janvier à décembre, les investisseurs n’ont aucune information sur l’entreprise. « Pendant ce temps, on spécule par sorcellerie ! », comme l’a dit un analyste financier que nous avons abordé sur la question.

L’information est un élément capital dans le fonctionnement d’un marché financier. Elle fait chuter ou augmenter les cours des titres et les volumes de transactions. Les investisseurs ne décident que par elle. Les analystes financiers ont beau faire des prévisions, ils auront toujours besoin de les confronter à la réalité du terrain, à l’information financière publiée par l’entreprise cotée.

Dans le contexte de crise économique qui prévaut suite à la crise financière, le ciel économique ouest africain est nuageux. A quel degré est ce que nos entreprises cotées sont affectées ? On peut connaître l’évolution des cours de leurs principales matières premières ou produits, mais cela ne dit pas exactement leurs chiffres d’affaires. Les investisseurs se posent à juste titre la question sur la capacité de résistance de nos sociétés cotées face à la crise. Prenons quelques exemples :

- La Sicable a annoncé en début d’année que son chiffre d’affaires du 2e semestre 2008 avait baissé de 24.32% par rapport à la même période un an auparavant, et que cela était lié à la crise économique. Comment est ce que les choses évoluent depuis ? On ne le saura pas avant juillet ou septembre si elle se comporte comme d’habitude.

- Dans le monde entier, on parle de crise du secteur automobile, certains journaux disent que la Cote d’ivoire est également touchée par le problème. Des poids lourds de ce secteur comme Sari et Cfao sont cotées en bourse. Comment vivent ils la crise ?

- La Saph du président Jean Louis Billon, un évangéliste convaincu des introductions en bourse, a décidé du fait de la crise, de réduire son dividende 2008 pour « conduire avec prudence l’entreprise et préserver sa trésorerie ». Pendant ce temps, on apprend que de grands fabricants de pneus ferment certaines de leurs usines. Quel impact cela a sur la Saph et la Sogb qui produisent de l’hévea?

Toutes ces interrogations trouveront leurs réponses dans les résultats partiels que publieront les sociétés concernées. Le Crepmf, l’autorité de régulation du marché boursier sous régional le sait. Il faut espérer qu’il se souvienne, particulièrement dans ce contexte, de son instruction n°29/2001 qui oblige dans son article1-g, les sociétés cotées à « publier au bulletin officiel de la cote, un mois après la fin de chaque trimestre, un commentaire sur l’évolution de leurs activités ainsi que les incidences probables sur les résultats ».

Les entreprises cotées qui aiment réclamer des avantages fiscaux comme mesures de développement de la bourse régionale des valeurs mobilières, ont là une occasion de manifester leur bonne foi à participer à la croissance du marché. Ce d’autant plus que cette tache ne nécessite pas d’autres efforts que celui d’émettre un fax à la direction de la Brvm. En effet, aucun manager de grande entreprise digne, comme ceux qui les gèrent, peut prétendre ne pas disposer d’états financiers trimestriels de son entreprise. Toutes ces entreprises devraient prendre exemple sur Ecobank qui le fait régulièrement depuis son entrée en bourse.

Il s’agit donc simplement d’une question de volonté de la part tant du conseil régional que des sociétés cotées. Peut être que l’Aascot-Brvm, seule association organisée des actionnaires des sociétés cotées peut contribuer à faire bouger les choses. En attendant, que ces différents acteurs décident de jouer leur rôle, la question demeure : Comment est ce que nos sociétés cotées vivent la crise ?

Euclide Okolou de www.okibat.com