L'inter - Le mouvement de grève initié par les dockers du Port Autonome d’Abidjan depuis 02 juin 2009 n’est pas sans conséquences sur l’économie ivoirienne.

Cette rupture inattendue du travail des dockers a engendré le blocage de l’activité portuaire et le détournement de plusieurs navires vers les ports concurrents. Nos sources font état de plus d’une soixantaine qui ont quitté le port d’Abidjan. Il faut également compter la rupture de l’approvisionnement des industries et entreprises nationales et des pays de l’Hinterland, le gel des activités économiques et la baisse des recettes de l’Etat. Toutes choses qui pourraient avoir une incidence sur l’approvisionnement des marchés en terme de rupture en denrées de première nécessité, tant pour les populations nationales que celles du Burkina Faso, du Mali et du Niger avec pour corollaire une flambée des prix sur les marchés.

Les dockers ayant pris conscience de cette situation alarmante, se sont prononcés hier mercredi 10 juin au siège de l’hebdomadaire le " Nouveau Navire ". C’était dans le cadre de son espace d’expression intitulé le " Marine’s Club ". Par la voix de M. Pierre Guigrehi, porte-parole du Collectif des Syndicats des Dockers et Dockers Transit pour la défense de leurs Droits (CNDD), ils ont accusé le directeur général du port " d’orchestrer la vraie pagaille en les poussant à se rebeller contre le Sempa, structure à charge de la gestion des dockers. Nous estimons qu’il a failli à sa mission. Il faut donc le débarquer ", ont-ils exigé.

Selon les explications du porte-parole, cette affaire remonte " au 8 mai 2009, à la faveur d’une rencontre avec les délégués du personnel du CNDD, où le directeur général du port leur à exprimé l’intention de créer un 2ème bureau de gestion de la main d’œuvre docker, par Global manutention, qui a une surface financière suffisante estimée à 170 milliards Fcfa, avoisinant le budget de souveraineté de la Côte d’Ivoire qui fait 200 milliards de nos francs, ".

Selon lui, le communiqué paru hier mercredi dans des journaux de la place et à la télévision est la mise en exécution de cette intention. Alors qu’il n’a pas la compétence encore moins le pouvoir de décider la création d’une quelconque agence de gestion de la main d’œuvre docker, à fortiori de demander que cette entreprise recrute directement leur main d’oeuvre. Il a appuyé son propos en rappelant le décret N°99-510 du 4 août 1999 en ses articles 8 à 12 qui dit en substance que le président de la commission d’attribution de la carte de docker est le ministère du Transport.

Les grévistes ont estimé que face à l’urgence d’énormes sacrifices doivent être faits. C’est à juste titre qu’ils disent rester ouverts au dialogue et prêts à reprendre le travail contre la prise en compte de leurs préoccupations. A savoir le maintien de Sempa comme seule structure de gestion des dockers. Contrairement à Global Manutention, des sources à Sempa ont confié qu’elles acceptent la main tendue des dockers. Tout en rassurant qu’aucun remplacement n’a été fait malgré le nouveau recrutement. Pour preuve la paie a débuté hier et s’étend sur trois jours.

La réaction de la direction générale du Port Le Port Autonome d’Abidjan a réagi face à ces accusations, par la voix de son directeur de Communication, M. Armand Douyou. Ce dernier a tenu à faire la précision selon laquelle l’autorité portuaire régie par le directeur général n’est pas impliquée dans cette affaire. Il a toutefois rappelé que cette crise est un problème entre employeur (Sempa) et employés (dockers) et que le port à un rôle régulateur. C’est en prévention des risques de tension sociale et économique que la direction générale du port a décidé de la possibilité, jusqu’à nouvel ordre, pour tout manutentionnaire, de procéder directement au recrutement de la main d’œuvre docker nécessaire à l’exercice de ses activités et de la mise en place, consécutivement à la décision ci-dessus, d’une structure chargée de la régulation et du contrôle des activités de la main d’œuvre docker. Cela, face à l’urgence et suite aux plaintes des manutentionnaires. " S’il y a problème qu’ils (dockers ) se plaignent à Sempa ", a-t-il lancé.

Marcelle AKA