La Lonaci s’attaque aux sites de paris sportifs en ligne
Dans un communiqué diffusé cette semaine dans la presse, le cabinet d’avocat Sarr,Allard et Associés, représentant la Loterie Nationale de Cote d’Ivoire (Lonaci), informe le public et principalement les fournisseurs d’accès internet, que la Lonaci a obtenu le 29 avril dernier une ordonnance les obligeant à bloquer l’accès aux sites web de paris sportifs.
La Lonaci détient en Cote d’Ivoire le monopole des jeux de pronostics. Or depuis environ 3 ans des ivoiriens de toutes conditions sociales ont découvert sur internet des sites de jeux les permettant de pronostiquer à distance en toute confidentialité, tout en profitant de meilleures cotes. Dans un univers où l’on fait plus de bruits lorsqu’on gagne que lorsqu’on perd, le phénomène est allé en croissant. La seule limite était devenu l’accès aux monnaies électroniques acceptées par les sites. L’arrivée des cartes de crédits internationales Mastercard (vendu par la banque Atlantique) et Visa (Les cartes Africards venant du Burkina Faso, avant que les banques locales s’y mettent) a libéré les « webparieurs ». On estime que plus de la moitié de ceux qui ont acheté une carte de crédit Africard en Cote d’Ivoire l’a fait pour des paris sportifs en ligne. L’intérêt de certains étudiants pour les championnats occidentaux n’était plus seulement lié à Drogba et les autres compatriotes qui jouent dans ces championnats.
Les dirigeants de la Lonaci ont vu le marché qui les échappait. Ne pouvant s’attaquer directement aux grandes institutions qui se trouvent derrière ses sites, ils ont choisit la voie judiciaire locale pour obliger les fournisseurs d’accès à internet à bloquer l’accès à ces concurrents étrangers. Si l’état ivoirien, actionnaire à 80% de la Lonaci aux cotés de la Cnps (15%) et le personnel de l’entreprise (5%), joue sa partition pour faire également pression auprès des fournisseurs d’accès internet, les sites comme Betclic, Betway, sportingbet, unibet et autres, ne seront plus accessibles à partir de la Cote d’Ivoire, tout comme l’argent des « webparieurs » placé sur ces sites.
Pour Henri, un étudiant et webparieur que nous avons rencontré « l’application de cette ordonnance sera une atteinte à la liberté des internautes ivoiriens. C’est aussi catastrophiques que de supprimer toutes les chaînes et obliger les gens à ne regarder que la rti (la télévision nationale ivoirienne) ».
A cette réaction, il faut souligner qu’en réalité la Lonaci n’a actuellement aucune stratégie permettant aux parieurs de jouer directement en ligne. Elle veut donc faire supprimer ce qu’elle n’est pas en mesure de compenser. Sans compter les critiques sur ses cotes jugées trop faibles et ses exigences monopolistiques.
En face, nous ne pensons pas que la communauté discrète des webparieurs soit prête à s’organiser pour s’opposer à cette ordonnance. Le lobbying des sites de paris sportifs, qui a gagné une bataille de ce genre en France ne le fera certainement pas en Cote d’Ivoire, par manque d’enjeux financier. Les seules barrières possibles sont les fournisseurs d’accès internet et l’état s’il veut privilégier la liberté de surfer. En effet après un tel précèdent, l’on peut s’attendre (pourquoi pas, laissons pousser l’imagination) aux blocages des sites pornos, des sites jugés sectaires, etc…
Ce film ne fait que commencer, suivons le ensemble !
Euclide OkolouEuclide Okolou